Tout est parti d’un défi entre Guillaume et moi, lancé le 1er Janvier, lors d’une randonnée dans le Queyras. Et comme on n’a pas pour habitude de faire les choses à moitié, ce même jour, on a choisi l’OXFAM Trail.  Le principe : 100 km sans relais et en moins de 30 heures. Le reste de l’équipe se dessine 4 jours après, autour d’un burger et de beaucoup trop de vin rouge. Guillaume et moi lançons l’idée du trail, Mathieu et Charlotte acceptent tous les deux.

La machine est lancée, l’équipe trouve facilement son nom « N° 243 : Cowork in Grenoble », on remue ciel et terre pour trouver les 1500 euros nécessaires et on fait de la place dans nos agendas pour s’entrainer ensemble. On lit avec attention tous les conseils qui nous sont envoyés, on règle la logistique, on s’équipe, on réceptionne les sweats personnalisés et surtout on essaye de ne pas penser que 100km, c’est long.

Une semaine avant le départ, gros coup dur pour toute l’équipe, Mathieu se bloque le dos et doit renoncer dans la douleur à sa participation. Branle-bas de combat, il nous faut trouver un nouvel équipier, sinon la course va être compliquée.

On est sauvés in extremis par Marc, un ami de Guillaume, qui prend le départ avec nous au pied levé. Marc a déjà fait, lui aussi, le trail il y a 5 ans. Même s’il n’a pas fait l’entrainement avec nous, on est plutôt confiants, Marc est un champion.

18 Mai. 6h20, le réveil sonne dans la chambre d’hôtel où les 4 lits simples sont alignés. C’est parti, on ne peut plus reculer. En deux temps trois mouvements, après une tartine de confiture on est sur la ligne de départ, tous un peu étourdis par l’immensité de la chose.

Il y a du monde, beaucoup de monde, et ca jusqu’au second ravitaillement. On marche bien, on papote. On avale tellement bien les kilomètres, qu’on commence à faire des bonnes projections sur l’heure d’arrivée à Avallon – C’est sûr on tient les 24 heures !

Et puis, Charlotte commence à avoir très mal à la cuisse. En 1h30, tout bascule, elle s’arrête sur le bord de la route, ne peut plus bouger. On appelle les secours, qui passent la chercher 45 minutes plus tard. Deuxième coup dur pour l’équipe. Partir et continuer sans Charlotte, c’était pas prévu et ca nous met un vrai coup derrière les oreilles. Et, pour ne pas faire les choses à moitié, Marc a de son côté vraiment mal à la hanche.

Au grand ravitaillement du soir, tout le monde prend le temps de souffler : Marc se fait masser, je prends une douche, et on mange chaud, des pâtes carbo.

Charlotte a trouvé des supporters qui vont la conduire de check point en check point pour qu’elle puisse NOUS supporter. On repart marcher plutôt sereins. La nuit est là. On allume les frontales et on avance. Balai des lumières dans la nuit, on traverse des forêts dans une ambiance magique. Moment de grâce pour moi, plus difficile pour Marc. Et Hop, 25 km plus tard, c’est l’inverse.

Le jour se lève, les kilomètres se font de plus en plus longs. On perd Marc vers 7h du matin, il a tenu 82 km avec alternativement mal à la hanche et aux genoux. Je l’ai vu boiter et souffrir pendant des heures, je suis admirative de cette force qu’il a eu.

Grâce à un petit subterfuge, qui consiste à faire tous les prochains check-out avec Marc, sans qu’il marche avec nous (il avait retrouvé Charlotte et une voiture de supporters), Guillaume et moi continuons à marcher pour l’équipe 243. Ils sont tellement longs ces 18 derniers kilomètres.

C’est aussi le moment où nos corps nous font comprendre que là on abuse un peu… Le mal aux pieds est là. Ca fait mal. La fatigue est là aussi. Elle fait encore plus mal. Les larmes de fatigue ne sont pas loin, mais il faut tenir.

2h37 après le dernier checkpoint on voit (enfin) Avallon. Deux routes, et une demie-Bastille plus tard, on voit la ligne d’arrivée.

On retrouve Charlotte et Marc, on passe devant Cécile Duflot qui joue des castagnettes (invraisemblable), et on passe la ligne d’arrivée.

28h10 de marche, 100 km.  Ca y est, on l’a fait ! Grosse émotion ; drôle de mélange en nous : la surprise d’y être arrivés et en même temps ne jamais en avoir douté. On pleure ce qu’on a retenu jusque-là, puissance 10. On l’a fait, vraiment !?! Oui, pas de doute possible, mon pied gauche est là depuis pour me le rappeler…

Marion.